[Archivage] L'Art de la Guerre (Moriarty/Pigold/Piks)

e baron Holmenkollen était
confortablement assis à son bureau en cette chaude soirée d'été. Tel
que n'avaient cessé de le remarquer ses domestiques ces derniers temps,
il avait le regard dans le vide. Cela faisait plusieurs mois, voire
même plusieurs années qu'il n'avait organisé d'expéditions en dehors de
ses frontières. Pour tout dire, il avait même réduit son armée au
strict minimum. Les tribus barbares avoisinantes n'avaient pas tardé à
remarquer le manque de défense des terres de Copris Lunaris et se
faisaient un plaisir de venir se servir en toutes sortes de denrées, en
particulier du bois et de la pierre dont regorgeaient ce petit royaume.
En conséquence, des centaines de fermiers avaient quitté la région. A
vrai dire, il n'y avait pas beaucoup d'avenir à extraire de la pierre
et couper du bois, surtout si personne n'était là pour protéger ces
ressources.

Mais revenons-en au baron. Il était assis à son
bureau. Bizarrement, il était resté ici toute la journée, noircissant
des dizaines de feuilles. Oui, "bizarrement"... Car il avait pris
l'habitude de s'éclipser tous les après-midi. Il se rendait à la
capitale pour "régler certaines affaires". Des choses pas très claires,
mais il n'avait jamais daigné répondre aux questions qu'on lui posait
sur ces excursions quotidiennes.... Bref, je disais donc qu'il avait
écrit toute la journée. Sur la première feuille qu'il avait baptisé en
cette après midi, on pouvait lire, derrière toute une série de ratures,
un titre : "L'Art de la Guerre".

Ces quelques pages semblaient
être un recueil de toutes les conclusions qu'il avait pu tirer de ces
années passées en tant que stratège de différents royaumes, en tant que
chef de différentes guildes. Et apparemment, il en avait eu, des choses
à dire.

Tout à coup, il se leva, et se dirigea vers la fenêtre de son bureau. Il était allé observer le soleil se coucher.

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L'Art de la Guerre

Cela
fait quelques temps que je pense à poser ces quelques lignes sur ces
feuilles. Peut-être trop longtemps... Il y a tant de choses qui ne sont
plus claires dans mon esprit. Cependant, je m'efforcerai d'être le plus
clair possible, que mes écrits puissent servir à d'autres.
Il fut un
temps où j'étais considéré comme un des stratèges les plus expérimentés
de l'Empire. Mais quoi que l'on puisse dire, je ne dois ce titre qu'à
la patience et au talent de mes maîtres. Sans eux, il y a tant que
choses que je n'aurais su trouver, tant de paramètres qui me seraient à
jamais restés inconnus dans mes calculs, tant d'idées qui n'auraient su
atteindre le fil de mes pensées, tant de batailles qui auraient été
lamentablement perdues. Ces maîtres, je me dois au moins de les citer
avant de commencer à m'exprimer. Il y avait, tout d'abord le troll
Norbert des anciennes terres de Karalh qui m'a enseigné les bases du
combat, puis ce grand chef Matteo Del'Assar de Cardessie et enfin, et
surtout, le paladin Keldorn de Millenia ainsi que l'abbé Ignacio de
Nërr'Okmor. Le Conseil des Destinées... Quoi que l'on puisse dire, il
s'agissait d'une grande guilde, qui a su apporter tant de choses au
petit chef de guerre perdu que j'étais.
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Cela faisait plusieurs minutes que le baron observait le soleil,
sans bouger. Le dernier rayon ayant disparu, il sembla reprendre vie.
Il se retourna brusquement, enfila sa cape et descendit. Arrivé aux
écuries, il ordonna à son écuyer de préparer son cheval puis partit se
ravitailler aux cuisines. Quand je disais que son attitude était
bizarre ces derniers temps...

Quelques minutes plus tard, il
était sur son destrier, en direction de la capitale, une petite bourse
cliquetant à sa ceinture. Encore une affaire tordue.

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Passons
maintenant au vif du sujet : la guerre. Car c'est bien évidemment la
raison d'être de ses notes. Nous ne nous intéresserons pas là aux
causes des guerres, elles pourraient être aussi importantes que
futiles. Non, n'importe qui peut déclarer une guerre, mais peu de gens
savent la mener ensuite correctement à son terme.

Selon moi, une
guerre se doit d'être menée sur deux fronts : le champ de bataille et
la voie diplomatique. Il n'y a rien de plus jouissif que de voir un
perdant s'entêter à se dire supérieur, alors même que ses armées ne
passent jamais vos murailles, alors même que rien n'entrave jamais vos
troupes lorsque vous frappez à votre tour. Mais commençons par le
commencement, car avant de gagner, il faut être préparé.

I - De l'utilité des espions

Il
est assez fréquent de voir des chefs venir se plaindre sur la place
publique que leurs adversaires usent de la technique dite du "scout".
Il est assez fréquent, quoique plus rare, de voir ces mêmes chefs
répondre par ces scouts en attaquant du haut de la colline. Réponse,
pour le moins, démeusurée.
A vrai dire, j'ai toujours trouvé ce
débat intéressant. Scout ou pas scout ? Si la réponse ne tenait qu'à
moi, je dirais "scout". En effet, dites-moi où est l'intérêt d'envoyer
vos troupes au suicide... Sans savoir quelles sont vos chances de
victoires... Une victoire hasardeuse n'est pas une victoire. Au mieux
c'est un coup de bluff et rien d'autre.
Dans le cas d'un duel, d'un
combat à armes égales, je veux bien croire que le scout n'ait pas sa
place. Mais en tant que stratège, j'affirme qu'envoyer des hommes au
combat sans avoir un aperçu des forces adverses est, dans le meilleur
des cas, une erreur idiote, sinon, un manque notoire d'intelligence.
Certains vous diront qu'il s'agit là d'une preuve de couardise...
Laissez-les dire... Laissez-les justifier leur incompétence par des
attaques verbales gratuites et inconsistantes.

Mon point de vue
sur cette technique de guerre (oui, une technique de guerre avant tout)
étant donné, voyons donc les différentes méthodes de scout.

Le
scout basique consiste à envoyer une ou plusieurs unités possédant des
compétences variées vers les lignes ennemis. Je pense que vous n'aurez
pas de mal à vous procurer les informations qu'ils auront recueilli
ensuite. Il s'agit tout bêtement d'un sacrifice vous permettant
d'obtenir un avantage certain pour l'affrontement réel. Bien entendu,
plus vous enverrez d'hommes possédant des compétences différentes, plus
vos chances d'apercevoir l'étendu réelle des forces ennemies seront
grandes.

Note : Scouter un adversaire alors que l'on se trouve à
ses portes est à éviter. Deux raisons à cela : d'une part, car l'ennemi
peut vous prendre par surprise pendant que vous vous préparez à
l'attaquer ensuite, rendant inutile votre scout, d'autre part, car
votre scout sera de toute façon inutile. Il est très difficile
d'adapter ses forces alors qu'on se trouve près de la cible... et cela
coûte cher.

Comme je le disais, il s'agit là d'un scout basique.
Il existe bien entendu d'autres techniques de scout. On peut par
exemple citer le "scout inversé". Il s'agit dans ce cas, de poster de
simples sentinelles à nos frontières, le gros de l'armée se cachant
dans les montagnes ou autres bâtiments et d'attendre une visite de
l'ennemi. J'avoue être assez sceptique quant à l'efficacité de cette
méthode. En effet, vos terres ne sont que trop vulnérables pendant
l'absence de vos troupes et vos bâtiments peuvent en pâtir. Et encore
une fois, ayant ainsi scouté votre adversaire, il sera difficile de
vous adapter sans qu'il le sache.

Passons maintenant à mes deux
techniques de scout favorites. Il n'y a aucune révolution dans les
techniques que j'ai employé jusque là, et vous remarquerez que la
première méthode que je vais énoncer a un champ d'action plus que
réduit. Cette méthode avancée est connue sous le nom de "sacrifice de
péons". Qui pourrait se douter que des proies si faciles, si faibles,
si courantes, pourraient être là pour espionner ? Je m'explique. Dans
le cas où vous suspecteriez votre adversaire d'avoir une armée
essentiellement constituée d'unités rapides (dragons, liches ou encore
licornes), et seulement dans celui là, la façon la plus simple de
scouter l'adversaire est encore de lui envoyer un petit escadron de
villageois. Un petit sacrifice qui vaut son pesant d'or. Vos villageois
tomberont, à coup sûr, face au gros de l'armée adverse. Bien entendu,
ils ne résisteront pas. Mais vous pourrez aisément estimer la
composition et le positionnement de l'armée adverse, si vous prenez en
compte les indices impériaux. Je suis sûr que vous avez compris la
technique, je ne m'attarderai donc pas dessus. Mais il s'agit, selon
moi, de la technique de scout la plus intéressante que je connaisse.

Note
: A partir du moment où votre adversaire se trouve dans des cieux tels
que vos villageois ne résisteraient pas aux unités les plus rapides et
si son armée n'est pas constituée de dragons essentiellement, cette
technique échouera.

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La
dernière technique de scout que je décrirai est considérée par beaucoup
comme une preuve de lâcheté. J'avoue qu'il n'y a rien de glorieux à
l'utiliser. Mais ce n'est pas une raison pour la dénigrer. C'est la
meilleure façon de connaître la composition de l'adversaire sans qu'il
se doute qu'on l'ait scouté... Encore que, n'importe quel adversaire
doué d'un minimum d'intelligence saura reconnaître la main de
l'envoyeur. Vous aurez, sans nul doute, reconnu le "scout par un
tiers". J'illustrerai cette dernière technique par deux expériences que
j'ai vécu il n'y a pas si longtemps.

Voici le premier exemple.
Celui-ci se déroulait un peu après les événements ayant secoué la
régence en l'an 76. Les faux régents ayant été exterminés et les
bourreaux étant redescendus dans des "terres moyennes" (pour
paraphraser un orateur actuel). La vie avait repris son cours. La
régence était néanmoins sous tension, craignant le retour desdits
bourreaux dont j'étais un des stratèges. Un beau jour, mon chef reçut
une missive l'accusant d'avoir envoyé un sbire scouter la dauphine, et
sa régente (et non le contraire). Il eut beau tenter de justifier son
innocence, il était clair que cette dauphine ne le croyait pas et ne le
croirait jamais. Ce fut là son erreur. Je contactai alors ce soi-disant
sbire, lui demandant les informations qu'il avait récolté lors de ses
scouts. Il accepta même un financement de notre campagne. Terrible
erreur, disais-je. Cette dauphine fut victime de son assurance.
Quelques jours après, elle retombait de son perchoir. Cette chute ne
l'empêchant hélàs pas de se retrouver à la même place quelques jours
après. Mais aurait-on pu l'en empêcher sans compromettre notre amitié
avec le reste de sa guilde.

Le deuxième exemple est plus
significatif. Les protagonistes liront peut-être eux-mêmes ces quelques
lignes. Peut-être en riront-ils, peut-être pourrais-je bientôt lire un
petit discours cloué sur un tableau de la place publique... Qui sait ?
Cette fois-ci, la scène se passe un peu plus tard. Alors que ma guilde
était en guerre avec une autre guilde de Grands Guerriers. Je me
préparais à monter descendre un de leurs guerriers, mais je ne pouvais
pas me permettre de monter "à l'aveuglette" (Oui, à cette époque, mon
chef Pigold étant très peu motivé, j'avais pris la direction du
royaume). Ainsi décidai-je de faire scouter ce Guerrier. J'envoyais
donc un sbire qui, je n'en doutais pas, garderait le silence quoi qu'il
arrive. Chose étonnante, ce Grand Guerrier que l'on entend encore
souvent se vanter de tant de choses n'eut pas l'idée que ce scout
pouvait venir d'un ennemi. Il insulta le sbire de tous les noms et lui
infliga la sanction pour oser l'avoir scouter : le "bott'homme". Le
plus drôle dans l'histoire, étant que le sbire, jusqu'à ce que la botte
arrive à son arrière train, n'a cessé de se justifier qu'il avait été
envoyé par un autre. Heureusement pour lui que mon nom n'eut pas été
cité. Maintenant, les choses ont changé, la guerre est passée... et je
n'ai hélàs pas eu la volonté d'aller chercher Son Altesse Sérénissime
le Grand Guerrier.
Comme vous pouvez le voir, si un Grand Guerrier
invincible et très intelligent se laisse avoir, tout le monde peut se
laisser avoir... à moins que le Grand Guerrier en question ne fut pas
invincible et très intelligent. Bref, ne nous attardons pas là-dessus,
je pense avoir déjà gagné mon discours écrit sur la place publique.

Avant
de cloturer cette partie traitant des manières d'utiliser les espions,
j'aimerais rappeler qu'il existe d'autres méthodes pour connaître les
compositions et stratégies adverses. Parmi celles-ci, on peut citer
l'archivage des précédents rapports, ou encore, dans un autre registre,
l'infiltration de guildes... Mais je ne discuterai pas sur les
problèmes d'éthiques qu'entraîne cette dernière méthode.
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Une heure plus tard, il
marchait dans une ruelle sombre de la capitale. Son cheval attendait
aux écuries. Cette ruelle, il semblait la connaître parfaitement, il ne
jetait pas ces coups d'oeil affolés que les passants habituels
lançaient, même en plein jour, affrayés à l'idée de tomber nez à nez
avec un quelconque truand. Là, il faisait nuit noire, et on pouvait
même s'étonner que le baron n'eut pas encore rencontré de brigands en
chemin, ni de petites frappes dans ces étroites ruelles qu'il
empruntait depuis quelques minutes. C'était d'ailleurs une de ses
particularités... De tous les déplacements de nuit qu'il faisait dans
ces endroits peu fréquentables, il n'avait croisé des gens louches que
de rares fois, et ces fois là, ces bandits s'étaient éclipsés dans les
endroits les plus obscurs qu'ils avaient trouvés, pour reprendre
ensuite leur guet un fois l'ex-Alchimiste passé.

Mais revenons à
notre baron qui était entré dans cette sombre ruelle... euh... il était
rentré, mais pas ressorti, mais il n'y avait plus personne au milieu.
Et il n'y avait aucune porte. Les seules fenêtres qui décoraient les
murs étaient trop hautes et trop petites pour qu'un homme de cette
carrure eu pu s'y introduire. Il s'était tout simplement volatilisé...
Voilà ce qui arrive quand on raconte sa vie à des gens qui n'en ont
rien à faire. Attendons donc qu'il réapparaisse...

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II - De la théorie de l'optimisation

Comme
dans la partie précédente, nous ne nous occuperons que de présenter
rapidement de grands principes. Ces écrits n'ont pas la prétention de
servir de livre de cours à d'apprentis stratèges, ils ne sont là que
pour offrir un aperçu de ce que peuvent être les stratégies guerrières.
A
noter que nous n'effectuerons aucune démonstration des résultats qui
seront disséminés ici. Le lecteur dans le doute pourra effectuer des
tests et des démonstrations lui-même, s'il le juge utile et s'il en a
les capacités, ce dont on ne pourrait douter. Une dernière précision
s'impose : devant la multitude d'appelations des différents types de
combattants, dépendant de leurs races et même de traditions régionales
quelques fois, nous adopterons l'ancien système, à savoir que nous
appellerons un villageois "villageois", un lancier "lancier" et ainsi
de suite. Vous pourrez consulter un tableau récapitulatif des
différentes appelations en annexe.
Vous remarquerez également que nous considèrerons ces armées comme de
simples chiffres, ce qui n'est, bien évidemment, pas le cas lors des
batailles, ou le moral des troupes et leur aptitude à travailler
ensemble peuvent faire la différence.

Nous pouvons maintenant
commencer. Procédons tout d'abord à une classification des différents
types d'armées qu'il est possible de rencontrer. Il y a, bien entendu,
plusieurs sortes de classification possibles. Nous nous intéresserons
tout d'abord à un classement par "nombre de masses". Le terme de
"masse" a des définitions très différentes suivant les contrées
d'applications. Ici, nous considèrerons qu'un bataillon ne peut être
appelé "masse" que s'il représente au moins quinze pourcents du
territoire occupé par l'armée en question. Cette définition autorise un
nombre de maximal de six masses, néanmoins, ce genre d'armée n'est pas
recommandé et pas utilisé non plus. Considérons plutôt les choses de
cette façon : une armée est soit "mono-masse", soit "bi-masse" ou soit
"multi-masse", le "multi" désignant ici "supérieur à trois". J'appelle
également ces multi-masses "multi-masses nawak", pour les différencier
des bi-masses, mais ne nous attardons pas là dessus.

Parlons
brièvement des mono-masses. Il en existe une multitude, dépendant du
type de masse (lanciers, gobelins, archers, ...), de la taille de cette
masse, mais également de la taille des leurres. Nous pouvons tout
d'abord remarquer une chose importante : les masses lentes (lanciers,
golems, mages, ...) doivent être leurrées fortement pour pouvoir être
efficaces, quant aux masses rapides, elles ont besoin d'être moins
leurrées pour fonctionner correctement. Cette règle est vraie en
général, mais il existe de nombreux cas où elle ne s'applique pas.
Prenons par exemple le cas d'une armée de liche contre une armée de
golems : quel que soit le leurrage des liches, plus il y aura de golems
et plus leurs chances de victoires seront grandes.
Mon expérience
dit que la plupart des armées mono-masses que l'on rencontre (ou
plutôt, que l'on rencontrait, il y a quelques années) sur Teliarok sont
des masses golems, centaures, liches et dragons, les golems étant les
plus lents, les liches et dragons étant les plus rapides et les
centaures étant au milieu. On remarquera également que les armées de
mages, de lanciers ou d'archers sont sous-représentées (ce qui n'est
pas étonnant concernant les archers, mais choquant concernant les
lanciers (que j'affectionne particulièrement)...). Je parlais de
leurrage important pour les golems et donc d'une masse assez faible; en
chiffres, cela correspond à cinquante ou cinquante cinq pourcents de la
taille de l'armée. Pour les masses rapides, comptez entre soixante cinq
et soixante quinze pourcents. Notons par ailleurs qu'il y a une autre
différenciation importante à faire entre les mono-masses. Cette
différenciation porte sur le type d'attaque lancées par la masse. En
effet, on remarque qu'une masse attaquant à distance nécessitera un
leurrage particulier. J'avoue ne pas m'être penché réellement sur cette
question, je me suis contenté de remarquer qu'un simple bi-masse (ne
chipotons pas sur le genre du mot "bi-masse", qu'on écrit d'ailleurs
également "bimass") suffisait à exterminer la plupart des armées
attaquant à distance.
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Cela faisait quelques temps
que le Baron n'était pas rentré en son domaine. Il avait passé
énormément de temps dans la capitale. Toujours ses affaires
d'espionnage, toujours ses petites disparitions au milieu des ruelles.
Mais il y avait une autre préoccupation depuis quelques temps. Une
préoccupation qui tenait en quatre lettres : S V A R...

Avachi
sur son fauteuil, il observait les quelques pages qu'il avait déjà
remplies sur l'Art de la Guerre, il y a quelques temps... trop
longtemps.

Il lut un petit passage à voix haute, pour lui.

"Il
n'y a rien de plus jouissif que de voir un perdant s'entêter à se dire
supérieur"... SVAR... vous ne me valez pas. Et pourtant vous résistez.
Que voilà un Moriarty bien mou ! Il y a quelques temps, je n'aurais pas
laissé un tel affront et un tel orgueil impunis plus d'une nuit.

Puis
après quelques secondes de réflexion, les yeux perdus dans le vide, il
se reconcentra sur ses feuilles, sortit sa plume et se prépara à
écrire...

NON ! Cela n'avait pas de sens... Cela n'avait plus de
sens. Les choses avaient changé trop vite... Il était de nouveau au
niveau des autres. Au niveau de toute cette fange que représentaient
les ignorants. Comment était-ce possible ? Lui qui avait étudié tant
d'années pour atteindre ce niveau de maîtrise... Oh, qu'il était vert !
L'Empereur, l'Empereur... Toujours l'Empereur ! Mais quand crèverait-il
?

On aurait dit qu'il cherchait à se faire descendre...

Un
coup de poignard dans le dos ! Il ne mérite rien d'autre... Me
rabaisser à ce point ! Rhaaaaa... Ah ça, non ! Ces SVAR ne valent
vraiment rien. Il est ma priorité ! Lui, le Destructeur de mes rêves.
Mon cher ennemi, on va faire simple, un petit rendez-vous... que je te
déconseille de refuser. Non, n'aie crainte... tu ne mourras pas
maintenant...

Et la plume partit dans un petit ballet, dessinant des lettres appliquées à une vitesse folle...

CITATION
Votre Altesse Sérénissime, Grand Conseiller de notre Majestueux Empereur,

C'est
un immense honneur pour moi de poser ces quelques mots sur cette
feuille à votre attention. Je me doute bien que vous devez avoir peu de
temps à accorder à la lecture de cette lettre, c'est pourquoi je
tenterai d'être le plus bref possible. Je suis le Comte Moriarty du
Comté de Nërr'Okmor, votre humble serviteur. C'est par une situation
des plus hasardeuses que j'ai eu connaissance d'informations très
embarassantes. Des informations que je suis dans l'impossibilité de
dévoiler à quiconque, si ce n'est à notre Majestueux Empereur. Des
informations cruciales, au point que je ne puisse douter que mon
silence provoquerait un désastre dans tout l'Empire.

Ayant
pris conscience de la gravité de la situation, j'ose espérer, Grand
Conseiller, que vous consentiriez à m'organiser une entrevue d'une
petite heure avec notre Majestueux Empereur. Il en va de l'avenir de
l'Empire.

Dans l'attente d'une réponse de votre part, je vous prie, Grand Conseiller, d'accepter mes plus respectueuses salutations.

Comte Moriarty,
Nërr'Okmor.

Formalités, formalités...

e Héraut Impérial, mandaté par ses supérieurs la veille, marchait à
présent en le duché du Nërr'Okmor pour y trouver la demeure de
Moriarty. Suivant les indications des autochtones, il trouva quelques
heures plus tard ce qu'il cherchait. Il pénétra en cette demeure et fut
accueilli par un valet qui, bien que surpris, l'orienta vers la salle
des audiences. Le Héraut y alla et put apercevoir le Duc. L'envoyé
impérial s'approcha, fit une révérence et délivra son message qu'il
transportait en sa sacoche.

- Duc Moriarty du Nërr'Okmor, en
réponse à votre missive qui faisait savoir à notre très saint Empereur
que vous désiriez un entretien avec lui, soi-disant pour lui révéler
des informations confidentielles, l'Empereur vous fait savoir qu'il
n'est malheureusement pas disponible pour vous accorder audience, ses
fonctions le surchargeant de travail. Cependant, il est intéressé par
vos révélations et m'envoie en tant qu'homme de confiance pour
connaître ce dont il retournait.

Il rangea le parchemin dans sa sacoche et termina.

-
Je suis désolé que l'Empereur n'ait accédé à votre requête, messire
duc, mais je puis servir d'intermédiaire si vous le souhaitez. En un
autre cas, je repars dans l'instant auprès de notre bien-aimé sire.

Puis il attendit de savoir s'il pourrait repartir ou si Moriarty avait vraiment des informations à lui fournir.

* Ben voyons... Un héraut *

Moriarty
faisait ce qu'il pouvait pour cacher sa déception, et pourtant, il
était tellement déçu qu'il était prêt à envoyer paître cet envoyé.
Cependant, il savait bien qu'agir de la sorte ne ferait pas ses
affaires. Il devait prouver qu'il avait des informations, mais cet
entretien direct, il y tenait : c'était pour lui la seule occasion de
se trouver face à son ennemi, de le voir, de le jauger, de trouver ses
faiblesses. Alors qu'il souriait au héraut impérial en s'approchant
lentement de lui, son esprit machiavélique s'était mis en action,
cherchant une manière d'obtenir ce qu'il voulait : un entretien. C'est
alors que cette petite pensée qui germait dans sa tête depuis un moment
refit surface... Et si tout ceci n'était qu'une grande imposture ? Et
si l'Empereur n'existait pas ? Et si on le poussait à combattre un
ennemi fictif ?... Le héraut devait être un espion, il fallait jouer
finement, ne pas trop en dévoiler, mais en dire assez pour voir ses
réactions.

Vous
me voyez bien embarassé, messire. Il s'agit d'une affaire que je ne
peux évoquer face à quelqu'un d'autre que notre Empereur. Je ne remets
pas en doute votre loyauté, mais l'affaire est tellement grave, et le
danger tellement proche de notre cher Empereur, que je ne saurais
prendre le risque d'avertir quiconque se présentera devant moi au nom
de l'Empereur, pour la simple et bonne raison que je n'ai pas la
possibilité de vérifier que l'envoyé l'est par l'Empereur et non par un
de ses conseillers. * Quelle phrase ! Tu m'étonneras toujours, Moriarty. * Cependant,
je ne peux pas vous laisser partir ainsi. Chaque seconde qui passe est
un risque de plus pour la vie de notre Empereur et je m'en voudrais
s'il lui arrivait malheur par ma faute. Aussi je vous demanderais de
lui transmettre en main propre une petite lettre. Si vous voulez bien
prendre le temps de vous reposer et de vous ravitailler pendant que
j'écris ce message...

Sur
ces mots, il fit signe au valet, qui avait introduit le fonctionnaire
quelques minutes auparavant, pour qu'il emmène l'invité dans une autre
salle. Tandis que le valet s'approchait, le Duc en profitait pour
continuer à observer attentivement le héraut impérial qui s'était
présenté à lui. Rien ne pouvait lui échapper, pas même un clignement de
paupières ou un petit déglutissement discret ; l'ancien espion était à
l'affût bien que tentant toujours de garder la mine la plus neutre
possible.

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