Alliance des Dragons Guilde de Royaumes.net, Ile : Téliarok |
| | [Archivage]Le Naufragé (Eliës) | |
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Bibliothécaire Admin
Nombre de messages : 11 Royaume : : Alliance des Dragons Date d'inscription : 15/09/2007
| Sujet: [Archivage]Le Naufragé (Eliës) Sam 15 Sep - 20:04 | |
| Un pas… un pas de plus et Lomis aura mis le pied sur la terre promise. Oui parce que pour le moment, il est sur du sable, et pour cause, son navire vient de s’échouer sur la plage. Une très belle crique, d’ailleurs. Lorsqu’on lui avait loué les vertus de ce royaume, on ne lui avait pas parlé de ses magnifiques côtes. On ne lui avait d’ailleurs pas caché que ça, mais les autres surprises attendront. Et la beauté de cette crique lui suffisait presque à oublier la déconvenue qu’il venait de subir. Et la perte de son navire. Celle de son équipage. Et celle de son honneur. Ma foi, ça se perd vite ces choses-là. Il avait donc presque tout perdu. Il n’avait pas, par contre, perdu sa besace, celle qu’il ne quitterait pas pour tout l’or du monde, ou alors seulement on lui prouvait que tout l’or du monde vaut au moins autant que le contenu de celle-ci. Il lui restait aussi, dans la poche de son bermuda déchiré, détrempé et gorgé de sel, un petit bout de parmachin – pardon, de parchemin - , déchiré, détrempé et gorgé de sel, et donc avec un peu moins d’encre qu’à l’origine. Lomis, étonné, déplia le parchemin, et tenta d’en déchiffrer les inscriptions.
Voici ce qu’il y vit :
« Af…. rir… gri …. …… per…. ante…. omis... e pres … uivar…
Osc….ll..ph.. irn.. nium ½ … ... le ma … gou… à mi .. .. jeun ¼ … .tte le.. soi… »
La seule partie du texte ayant échappé aux épreuves de l’océan s’avère être une signature complètement illisible.
Observons un instant le mécanisme interne d’un cerveau dans l’incertitude d’un point de vue strictement métaphorique. Nous obtenons, dans ce cas précis, une sphère, vide et transparente, comportant un trou, un petit trou, et dans laquelle se trouvent une dizaine de boules numérotées et colorées. Imaginons à présent que cette sphère se mette à tourner sur elle-même. Fatalement, le trou va se retrouver, à un moment ou à un autre, en bas, et une boule roulera jusqu’à celui-ci pour émerger de la sphère et atterrir sur un petit promontoire, bien en vue des caméras par lesquelles l’inconscient attend le jugement. Tout ça pour vous expliquer pourquoi Lomis a replié le papier et l’a glissé dans la besace, et pourquoi il aurait très bien pu faire l’inverse, et à quel point cet inverse n’aurait été ni plus honorable ni moins glorieux. Vous soupçonnez certainement de l’inutilité de ces explications. Rassurez-vous, lorsque l’histoire aura avancé, vous en serez convaincu.
Lomis se retourna, pour contempler une dernière fois les débris de son ancien vaisseau, dont seule la proue était parvenue jusqu’à la plage, pour venir s’y échouer. En cette belle journée ensoleillée, de nombreux oiseaux marins étaient venus saluer le naufrage de leurs piaillements stridents, et au loin mouettes et goélands se disputaient ce qui, peu auparavant, constituait les réserves de vivres du navire.
D’un naturel conquérant, Lomis ne voulut plus tarder sur cette plage, et partit d’un bon pas à la découverte des terres environnantes. C’est à travers un paysage méditerranéen qu’il marcha durant quelques heures. Il eut alors tout le temps de ressasser dans son esprit les derniers événements. A vrai dire, il ne se souvenait pas de tout. Quel sentiment étrange… seules quelques bribes de cet événement lui revenaient. Il se souvenait avoir mis les voiles, sur un navire dont il était le capitaine. Oui, capitaine… c’est bien ainsi que les matelots l’appelaient. Et cet émissaire, aussi. Ce… Joen ? Joren ? Quelque chose dans ces eaux là… Puis, des bruits d’épées et de sabres s’entrechoquant. Les assaillants n’avaient d’ailleurs pas que du tranchant en main, à en croire la bosse qu’il sentait sur l’arrière de son crâne et ce mal de tête qui, bien que plus léger qu’à son réveil, refusait de se laisser oublier. Lorsqu’il avait repris connaissance, le navire était en proie aux furies de l’océan. Du vaisseau assaillant, aucun signe. L’assaut avait-il été repoussé, ou la tempête avait-elle emporté l’autre navire et ses occupants dans une gigue tout aussi mouvementée ? Il se souvenait de cette nouvelle lutte contre les fureurs d’Umberlie comme l'on se souvient d'une dure semaine de labeur. Les éclairs, les vagues aussi hautes qu’un géant des montagnes, la voile déchirée, ces mystérieux coups, retentissant à intervalles réguliers, comme si quelque chose attaquait la coque du bateau... Puis ce récif. Droit devant, comme tous les récifs. Il s’était ensuite réveillé sur cette plage, dans un soleil resplendissant. Seule la brise soufflant par rafales rappelait la terrible tempête ayant sévit. Par quel miracle les courants les avaient-ils conduits sur cette plage, lui et ce qui était désormais le dernier vestige de son vaisseau, il n’en savait rien. Mais il continuait sa marche. Il allait de l’avant. Il savait par expérience qu’il ne lui servirait à rien de tenter d’éclaircir son passé. | |
| | | Bibliothécaire Admin
Nombre de messages : 11 Royaume : : Alliance des Dragons Date d'inscription : 15/09/2007
| Sujet: Re: [Archivage]Le Naufragé (Eliës) Sam 15 Sep - 20:04 | |
| Tout d’abord, l’ascension jusqu’aux « hautes terres » s’était montrée bien cruelle avec les jambes du naufragé, épuisées par l’exercice et ramollies par les eaux. Car si Lomis avait eut la chance d’échouer dans une crique, la côte était principalement constituée de falaises d’une hauteur assez respectable. Lorsqu’il arriva sur le plateau, un vent fort soufflait. Un vent qui suffisait à la fois à expliquer la relative pauvreté de la végétation environnante et à finir de sécher les habits de Lomis, qui ne portait du coup plus que quelques kilos de sel, sur ses habits et sur sa peau. Mais peut importe, pensait-il. Il ne tarderait pas à retrouver des habitations, et, de là, le chemin vers ses terres d’origine. Même si il devait en être bien loin. Il était en effet très peu habitué à de telles chaleurs, lui qui avait jusque là vécu principalement sous des latitudes plus fraîches, bien qu’ayant navigué à plusieurs reprises vers le sud. Rapidement il retrouva, rassuré, une grande voie commerciale – du moins c’est ce qu’il déduisit – qui coupait à travers la campagne. Car le paysage était vite devenu plus hospitalier, et Lomis pouvait apercevoir, juchée sur quelques collines non loin de là, quelques masures entourées de champs cultivés. Quelques centaines de mètres plus loin, le long de la route, se dressait tant bien que mal une auberge, dont les fondations semblaient menacer de s’écrouler au moindre éternuement. Le naufragé s’approcha de l’auberge. Devant celle-ci avait été installé un lourd panneau, sur lequel étaient inscrits les mots suivants :CITATION ~L’auberge Rhie~ vous souhaite la bienvenue dans le royaume d’Elwel Ici, vous trouverez les meilleures cuisses de gobelin de Teliarok ! Quelque chose le gênait dans cette affiche… non, ce n’était pas le jeu de mots peu original du narrateur, ni le fait que l’on déguste dans ces contrées de bien étranges mets, non, il s’agissait de ce nom… Teliarok… Teliarok… il l’avait déjà entendu à de nombreuses reprises. Malgré sa mémoire défaillante, il parvint à se souvenir de ces mots : « Teliarok la guerrière ». Il savait, comme chacun le sait, que l’empire était constitué de plusieurs îles : il y avait Azkenor, son île natale, puis Nivaria, ou quelque chose comme ça il y avait aussi une Equa… Equa… Equarisse ? hum non personne n’aurait donné un nom comme celui-ci à une île, à moins de nourrir une profonde aversion envers l’engeance ovine… mais Lomis chassa rapidement de son esprit ces étranges pensées, et se dit que la chaleur et la fatigue commençaient à influencer sur sa santé mentale.
Et c’est ainsi que la cruelle vérité, issue d’un malencontreux concours de circonstances que certains, par crainte de comprendre que leur vie n'est dirigée que par quelques multitudes de lancés de dés, se plaisent à nommer « destin », fit son bonhomme de chemin jusqu’à l’esprit de Lomis (après avoir fait quelques fois le tour de son cerveau, il faut bien dire).« Ventre saint gris! ... pas la bonne île ! » De dépit, il s'appuya contre le mur de l'auberge. La situation était donc bien plus compliquée que quelques mètres auparavant. Quelques soupirs et lamentations plus tard, il plongea sa main dans sa besace, et en tira quelques pièces d'or. Certes, la situation était critique, mais ce n'était pas une raison pour ne pas profiter de la cuisine locale. | |
| | | Bibliothécaire Admin
Nombre de messages : 11 Royaume : : Alliance des Dragons Date d'inscription : 15/09/2007
| Sujet: Re: [Archivage]Le Naufragé (Eliës) Sam 15 Sep - 20:06 | |
| Quelques jours plus tard, dans la cité d’Elwel.
Lomis observait les incessantes allées et venus des badauds. Encore tout secoué du trajet en charrette sur ces routes bien peu carrossables, il s’était accordé quelques secondes de repos. Toujours est-il que ces paysans, venant livrer leurs récoltes à la capitale, lui avaient rendu un bien fier service. La distance séparant la frontière sud, aux limites de laquelle il avait échoué, de la capitale du royaume situé au centre du territoire n’était pas négligeable. Si c’était une zone plutôt aride qu’il avait découverte lors de son arrivée au royaume, il se trouvait actuellement dans une région verdoyante, parsemée de collines semi boisées et traversée par un large fleuve. Sur l’une d’elles s’étalait la cité d’Elwel, surplombée par le château et ses hautes tours chatouillant le ciel.
La raison de sa venue en la capitale était assez floue, même pour lui-même. Le fait est qu’il ne savait guère où aller. Son but était, bien évidemment, de pouvoir prendre les voiles au plus vite en direction d’Azkenor… mais il n’avait aucune idée de ce qui l’attendrait de l’autre côté de la grande eau. Sans doutes ses ennemis – il se souvenait encore d’en avoir - avaient mis à mal ses possessions… et si ses hommes avaient su les repousser, on avait dû le prendre pour mort et se distribuer ses biens à coups de haches. Mais il n’avait plus de navire… quelle indécence, lui, capitaine de renom, devoir payer pour se faire transporter par la mer ! Il y a quelques temps, cette idée aurait fait grandir un sourire moqueur sur ses lèvres. Aujourd’hui, plutôt un rire jaune… cela s’annonçait comme une triste nécessité, même si l’espoir de pouvoir acquérir un navire et un équipage était encore présent dans son cœur. Mais il n’avait rien, il n’était rien ici. Il devait tout recommencer…
Lomis flânait à présent dans les rues de la ville. Alors qu’il atteignit l’une des artères principales de la cité, un homme l’interpella dans l’idée, sans doutes, de lui subtiliser quelques piécettes…
-Bonjour, monseigneur !
-Que puis-je…
-Non !
L’homme sursauta et recula de quelques pas.
-Que…
-Non ! Allez-vous en ! Laissez-moi… je vous ait dit que je ne voulais plus vous voir !
Les deux hommes semblaient tétanisés. L’un parce qu’il était fou, l’autre parce qu’il savait que l’autre l’était. Lomis fixait l’inconnu, ne pouvait bouger, se demandait ce qui pouvait bien l’effrayer à ce point. La vision de Lomis semblait avoir ravivé des craintes ancrées chez cet inconnu, et cette crainte suffisait à interpeller le naufragé : qui était cet homme ?
Son cerveau tournait à cent à l’heure. Il se passa la main sur son visage, sur son crâne, comme s’il s’attendait à y sentir deux cornes massives… mais la seule chose qu’il réalisa, c’est qu’il ne s’était pas rasé depuis quelques semaines. Pas de quoi effrayer un de ces citadins, tout de même ? A vrai dire, ce n’était pas un citadin. Lui non plus n’était pas originaire de la cité, ni de l’île guerrière.
-Je… qu’avez-vous ?
-Qu… quoi ? Vous n’êtes pas…
-Quoi ? Je ne suis pas quoi ? Je ne suis pas qui ? Parle donc ! Sa voix était montée d’un ton, il commençait, comme à l’accoutumée lorsqu’une discussion durait plus de quelques minutes, à s’impatienter. Alors ajoutez à cela une question existentielle, et vous obtenez un Lomis à point en quelques secondes.
-Oh ! Si, vous êtes peut-être…
« Inimitable, incomparable, la formule B du professeur Zwirk règlera tous vos soucis ! Pas cher, à la portée de toutes les bourses, pour madame et pour monsieur, la formule B guérit les maux de tête, les cirrhoses du foie, les abcès, les adultères à répétition, les gueules de bois, les vomissements, les… »
Une carriole et son vendeur venaient de passer entre Lomis et l’inconnu, manquant de peu d’écraser ce dernier, qui s’en sortit grâce à un réflexe salvateur. La foule entourant l’échoppe mobile au produit miracle coupa le lien visuel entre les deux hommes. L’inconnu n’en demandait pas plus : il s’engouffra dans la ruelle perpendiculaire à la route, et s’enfonça dans les faubourgs de la capitale, hors de vue de celui qui fut son interlocuteur. La carriole s’éloignait…
« … les picotements, les chatouillements, les gratouillements, les pertes de mémoire, les créanciers, les fins de mois difficiles, les… » | |
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