[Archivage] Massacre Nocturne (Egoïn, Enadjid, Elridia)

Haudh, un soir de mars de l’an 92 :

Le soleil était sur le point de laisser place à lune, l’astre nocturne. Sur l’Haudh-en-elleth, la même jeune fille mystérieuse, était là, on pouvait à peine distinguer sa silhouette mince éclipsant une partie de l’étoile. Oropher se tenait debout à la fenêtre de sa chambre, et entendait le chant de la mystérieuse, mourant d’envie de la rejoindre. Celle-ci continuait de pleurer son amant, inlassablement, chaque crépuscule précédant une pleine lune. Mais aujourd’hui, quelque chose était différent, l’elfe n’était pas dans son état normal. Son père, mourant, demeurait allongé au rez-de-chaussée, et Oropher ne pouvait supporter son regard, il ne pouvait supporter la vue de cet homme qu’il avait tant aimé. Il ne pouvait l’admettre, mais cet être blafard et squelettique était bel et bien son aïeul. Le dernier représentant des « ombres d’argent » gardera toute sa vie cette image comme seul souvenir de son père, éclipsant tout le reste de leur passé commun. Il y avait déjà quelques mois que Glebridë Celebdae avait renoncé au trône, laissant son fils seul maître des terres d’Haudh.


Le chant de la sirène résonnait de plus en plus fort dans la tête de l’elfe, inéluctablement, lui volant petit à petit chacune de ses pensées. Il se laissait charmer comme tous les autres, il n’était pas meilleur que les autres, ressentait les mêmes sentiments et la même attirance que les autres pour cette jeune fille. Un sentiment bizarre, entre tendresse, amour, et compassion.


- …


Peu à peu, l’elfe reprenait ses esprits, alors que le soleil se cachait comme chaque nuit derrière l’Haudh-en-Elleth, l’endroit interdit, là où personne ne doit s’aventurer, de jour comme de nuit, au crépuscule comme au petit matin.


Le lendemain, les premiers rayons du soleil, perçant les rideaux de la chambre d’Oropher, finirent de le réveiller. Tol s’éveillait elle-aussi, les premiers elfes s’affairaient déjà. Derrière chaque arbre, chaque buisson, des elfes quittaient Morphée pour respirer le doux parfum de la forêt.


Après quelques minutes, le Cor retentit, signifiant un départ imminent pour la guerre. C’est ce que les habitants redoutaient le plus, c’était le moment des séparations, séparations qui s’avéreraient peut-être définitives d’ailleurs. La cible convoitée par Oropher Celebdae était un royaume riche, extrêmement riche dit-on, mais protégé par une puissante armée. Le jeu en valait la chandelle. Mais ce royaume était situé très loin des terres elfes d’Haudh, et il fallait compter plusieurs jours de marche pour atteindre les terres de cette cité très prisée par de nombreux seigneurs en Téliarok.


L’armée s’était formée désormais, les femmes agitaient des mouchoirs brodés de dentelle fine en signe de bonheur, espérant de tout cœur que les elfes sortent victorieux de cet affrontement, et qu’il y ait le moins de pertes possible. Corneilles et rouges-gorges les accompagnèrent durant ce voyage. Ces oiseaux, personne ne savait d’où ils venaient, ils étaient les seuls visibles ce jour-là, les autres semblaient être restés au chaud dans leur nid, redoutant la fraîcheur des matinées de mars.


Après une bonne journée de marche à travers « La Tumultueuse », l’armée d’Haudh parcourait un marais, la progression se faisait de plus en plus lente. Les organismes étaient fatigués par ce long effort. Tout à coup, la brume se fit de plus en plus épaisse, si bien que même les elfes, malgré leur vision surdéveloppée, ne pouvaient se diriger normalement. Oropher décida alors d’installer le campement en plein marais. Il aurait bien voulu progresser encore un peu plus, mais le brouillard ne le permettait pas. Au bout de quelques instant, les premiers coups de tonnerre retentirent dans le ciel téliarokien. Coups de tonnerre vite suivis d’éclairs gigantesques, fendant l’air opaque du marais. On eut dit une apocalypse, le ciel tremblait sous les furies des dieux.


Ensuite, des hurlements se firent entendre, à faire froid dans le dos, ils résonnaient de part le marais tout entier. Les elfes, quant à eux, ne savaient pas ce qui se passait, Oropher était impuissant, et sentait la situation lui glissait entre les doigts, comme l’eau dévalant une pente abrupte de montagne. Les cris se faisaient de plus en plus forts, de plus en plus terrifiants, le peuple d’Haudh tout entier avait mis la main à l’épée, sentant l’affrontement de plus en plus proche. Ils s’étaient regroupés en cercle, manière de se défendre, mais surtout de rassurer, le danger était imminent.


- Des banshees !


Oui, des banshees, c’était bien ces créatures de l’ombre qui fonçaient sur eux. Leur silhouette était encore plus effrayante que leurs hurlements. Les elfes essayaient de se défendre tant bien que mal, mais il n’y avait rien à faire, les effectifs diminuaient à vue d’œil. Oropher organisa un repli certes, mais un repli vers où, ils n’avaient nulle part où aller, nulle part où se réfugier. L’armée reculait de plus en plus, mais les pertes occasionnées par les banshees étaient constantes, voire même grandissantes. Il ne resta bientôt plus qu’Oropher sur le champ de bataille…

Un mot, couché sur du papier. Voila ce qu'il restait à ce malheureux soldat Kirgonnide, impatient de rentrer chez lui, retrouver ces enfants et sa femme, après ces longs mois de campagne à travers Téliarok. Il marchait inlassablement depuis des jours dans des contrées plus ou moins hospitalières, tentant d'atteindre un nouveau royaume à combattre afin d'assouvir l'appétit des Dieux.

De ceux qui partirent de Loviân, capitale de Kirgon, il ne restait plus qu'une poignée d'elfes et de centaures, qui grâce a cette expérience des combats constituaient la Garde des Dieux, gardiens et protecteurs du Grand Théocrate, Egoïn. Celui-ci marchait au devant de son armée, encadré de son fidèle lieutenant et ami, le centaure Illoath, et d'un augure.

Depuis le début de la journée, les soldats observaient les nuages s'amonceler dans le ciel, empêchant le soleil de réchauffer leurs carcasses poisseuses. Devant eux s'étalait à perte de vue un immense marrais, couvert de cours d'eau et d'herbes hautes, parsemé de bosquets. Mais c'était le plus direct chemin pour nulle part ; il fallait donc s'y engager.

Ils marchèrent donc, accompagnés des chants de rouges-gorges, se frayant un passage dans le labyrinthe de chemins plus ou moins praticables. Mais durant leur marche, un épais brouillard vient enrober les rares arbres et couvrit de ses nappes blanches le sol infécond. Bientôt, il fut si épais que les soldats ne distinguaient que difficilement leurs voisins.

Il fut donc ordonner de poser le camps immédiatement. En effet, comment se diriger dans une telle purée de pois ? Comment etre sur que l'on ne se dirigerait pas vers un de ces contreforts rocheux qui tels des murs s'élevait devant leur route, et coupait tout espoir de poursuivre plus en avant ?

Les soldats posèrent donc leurs lourds sacs de toiles, et déchargèrent les chevaux. Avec l'habitude, le camps se montait vite. En deux heures, toutes les tentes étaient montées. A la nuit tombante, alors que les hommes tentèrent d'allumer des feux pour réchauffer l'atmosphère humide, il se mit à pleuvoir. Dans tout le camp, les voiles de brouillard s'étaient muées en chapes de plomb. Les seuls bruits que l'on pouvait entendre restaient les cliquetis de la pluie sur les armures.

Comme chaque nuit, des tours de garde furent instaurés. Les hommes allèrent se reposer, transis par l'humidité et le froid. Au dehors, tout était calme. Jusqu'a ce que...

"Huuuuuuuuuuuuuuuuuaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrrrrrrrrggggggggggggggggggg"

Un cri déchirant rompit l'oppressant silence. Un cri qui ne montrait rien d'amical, et annonçait de funestes évènements. Un garde posté à l'entrée du camps fut le premier à voir la créature responsable. Une forme fantomatique, drapé de noir, s'avançait vers eux, lui, bientôt suivit de nombreuses autres. Le courageux soldat encocha une flèche, la tira, mais tremblait trop pour atteindre sa cible.

Bientôt les créatures furent dans le camp, et ceux qui osèrent approcher, ou attaquer furent vite atrocement mutilés. Le massacre dura un temps infini pour les rares témoins qui suivirent. A peine échappés des bras de Morphée, les soldats décimés par centaines allaient de suite rejoindre Cerbère.

Egoïn ordonna très vite la retraite. Peut-être trop tard ? Toujours est-il qu'accompagné des survivants de sa garde, il s'enfonça dans le brouillard, sans savoir où aller...

Oropher, dit l’ombre d’argent, était aux avants-postes, se faufilant, pratiquement indécelable dans la nuée sombre que formaient leurs opposants. La pluie s’était mêlée aux jeux, handicapant des elfes déjà submergés. Mais les efforts d’Oropher étaient vains, il était certes très habile au combat, mais il était seul, seul contre une armée de démons vociférant et hurlant à tue-tête. Démons qui le décelaient aisément, bientôt l’elfe, protecteur de l’Haudh-en-elleth, serait encerclé, et il n’y aurait plus rien à faire…


- Yaha !


Mais il continuait le combat, reculant de plus en plus pour éviter de se faire encercler, découvrant plusieurs de ses congénères, gisants à même le sol.


- Deux ombres d’argent ne peuvent mourir un même jour…


Les elfes d’Haudh, manifestement peu habiles au combat, n’étaient plus de ce monde, seul quelques-uns avaient survécu, mais ce n’était pas encore fini, et les banshees n’avaient pas encore comblé leur soif d’âmes. Revenant à la charge, inlassablement, faisant reculer de plus en plus la poignée d’elfes encore en vie. Ils battirent en retraite jusqu’à tomber nez à nez avec une autre armée, portant les couleurs de Kirgon, armée qui était déjà venue en Haudh y chercher un opposant. Mais cette fois-ci, pas question de combattre l’une face à l’autre, il fallait désormais s’unir pour se sortir de ce mauvais pas. En effet, les deux armées subissaient les foudres du même agresseur, ou plutôt des mêmes agresseurs.


- Sire Egoin, il faut s’unir. Connaissez-vous un moyen de se sortir…


Au même moment, une banshee, sortie de nulle part, porta un coup au seigneur d’Haudh, coup esquivé et redonné dans la seconde à la créature de l’ombre.


- …de cette galère ?
- Je n’en sais rien.
- Essayons dans cette direction, vers les montagnes, là est notre seule chance de nous libérer de l’emprise de ce marécage… et de ses occupants.


Egoin, seigneur de Kirgon, et Oropher, parcouraient désormais le marais en direction des montagnes, la brume s’était légèrement dissipée, permettant aux elfes, grâce à leur vision supérieure à celle d’un humain normal, de se déplacer correctement.

Egoïn et les derniers survivants Kirgonnides courraient à présent le plus vite qu'il pouvait, le plus loin possible du camp transformé en boucherie à ciel ouvert. Derrière eux, les râles des derniers soldats à l'agonie et le bruit des gouttes d'eau tombant lourdement sur le sol humide seuls brisaient le silence du marais.

Ils couraient à perdre haleine, droit devant eux, évitant de justesse les divers branches et racines qui jonchaient leur route. Très vite, ils furent bien loin du camp. C'est alors qu'ils entendirent au loin de nouveaux bruits de bataille, approchant d'eux. De peur, ils se dissimulèrent dans les rares fourrés qu'ils purent trouver.

Très vite, des formes émergèrent de la brume. Là se tenait des elfes, tentant de combattre des banshees avec le peu de force qui leur restaient. Egoïn ne reconnu pas les uniformes des nouveaux venus, mais visiblement, ils combattaient le même mal. Or, comme le dis si bien le dicton : les ennemis de mes ennemis sont mes amis.
Il ordonna donc à ses dernières forces de lacher une volée de flèches vers les abominations, et sortit de son fourré, l'arme à la main. Il abattit deux créatures avant de s'avancer vers celui qui semblaient être le chef de ses nouveaux alliés. Ils discutèrent brièvement et décidèrent de s'unir devant le mal qui les guettaient.

Ils partirent donc en direction des montagnes qu'ils avaient vus en entrant dans le marais. Ils coururent à perdre haleine, poursuivis par les cris démoniaques des créatures qui les avaient suivis.

Les cris allaient en se rapprochant. Très vite, il faudrait soit combattre soit se cacher. Peu à peu, la brume se dissipait devant eux, laissant apparaître une lande vide et désolée. Nul endroit où se cacher : les arbres étaient maintenant trop épars, et les buissons trop rares pour servir de camouflages. Il restait donc une seule solution : fuir, et fuir encore.

Mais devant eux, un mur de roche se dressait, tel un mur infranchissable devant leur route. Mais il n'existait pas d'alternative.

Bientôt ils furent plus près de la montagne. Derrière eux, les dernières banshees à les suivre n'étaient plus bien loin. La brume était maintenant dissipée, mais la pluie battait toujours autant le sol et les hommes.

Ils arrivèrent vite au plus près des montagnes, et ici quelques rochers pouvaient offrir une bonne cachette.

Il n'était point question d'avancer plus loin. Egoïn s'adressa donc à ses hommes :

"Soldat, il est temps maintenant de combattre. Si nous devons mourrir aujou'hui, c'est que les Dieux l'ont voulu ainsi. Pas de peur dans vos yeux, pas de sentiments. Pas de place pour le souvenir de vos proches. Il est l'heure de montrer aux Dieux que vous méritez votre place dans leur royaume. Kirgonnides, Armes à la main et arcs bandés ! A la mort !!!"

"A LA MORT !!!"

Oropher posta lui aussi ses hommes, et ils attendirent l'Ennemi.

Très vite celui-ci arriva en masse. Les banshees furent accueillies par une volée de flèche qui fit tomber toute leur première ligne. Après ce coup terrible, elles eurent l'air d'hésiter, mais grâce à leur avantage du nombre, cette hésitation ne dura pas bien longtemps. De nombreuses furent tuées avant d'arriver au corps à corps, et poussant des cris terrifiants à en percer les tympans. Les hommes sortirent leur épée, mais au corps à corps, leur ennemi était bien supérieur.

La bataille fut terrible. Aucun espoir ne put être entrevu pour les derniers elfes et centaures. Ils durent reculer, et reculer encore vers les parois rocheuses. Bientôt, ils retrouvèrent acculés contre les parois de grès.

Alors qu'il sentant la mort proche, Egoïn trébucha soudain dans une ouverture dans le rocher.

Un coup d'oeil.

L'ouverture avait l'air sure. Egoïn s'y engouffra, suivit des derniers survivants de la bataille. Il serait plus facile de se défendre dans un endroit etroit.

Ils avancèrent encore et encore dans l'etroit tunnel, toujours poursuivis par les cris des banshees...

Dame Elridia suivit de ses troupes, c'était abriter dans la brèche dissimulait dans les rochers lors de l'affrontement entre les Banshees et l'armée de son mari et de Seigneur Celebdae...La lutte était rude et nombreux étaient les hommes à terre,

C'est là qu'elle vit Egoin se rapprochait des rochers ainsi que son armée, et s'engoufrit aussi dans la brèche... Puis s'approcha d'Egoin en laissant son armée caché dans un tournant de la brèche...

- Je crains que tu aies besoin de mes services, mon cher et tendres?